Ancienne procureure générale près la cour d’appel de Paris, l’une des plus importantes responsabilités de la magistrature française, Catherine CHAMPRENAULT préside depuis l’été dernier l’association France Victimes 37 qui tient depuis janvier une permanence mensuelle à Amboise.

Quel est le rôle de votre association ?

France Victimes 37 est une association qui a pour objet l’accueil, l’écoute, l’information et l’accompagnement des victimes d’infractions pénales. En parlant d’infractions pénales, il s’agit de tout crime ou délit. Ce rôle s’exerce de deux façons. D’une part, en amont de toute procédure pénale, de toute plainte, par la tenue de permanences où les éventuelles victimes sont accueillies une première fois et reçoivent une information sur leurs droits. Puis dans un second temps, s’il y a une procédure judiciaire, France Victimes va les accompagner tout au long de la procédure. Cette association peut aussi les assister à l’audience de jugement et pratiquer, sur réquisition du procureur de la République, des évaluations de leur vulnérabilité pour permettre à la juridiction saisie de prendre les mesures qui conviennent pour les protéger au mieux.

Quelles sont les situations les plus fréquemment accompagnées par vos juristes ?

76 % des personnes reçues sont des victimes de violences, quelle qu’en soit la cause : vol avec violence, violences conjugales, maltraitances à enfant, violences sur la voie publique… avec une importante proportion de violences intra-familiales qui constituent environ 50 % de notre activité.

Je tiens à souligner que France Victimes 37 reçoit toutes les personnes qui s’estiment lésées, qui ont le sentiment de subir quelque chose qui fait mal. Nous évaluons si ce qui est relaté constitue une infraction pénale, ou pas, et dans la négative réorientons la personne, par exemple, vers le centre d’information des droits des femmes et de la famille (CIDFF).

Autre point important, il s’agit d’une écoute et d’une information juridique confidentielle et gratuite. On peut nous confier ce qui n’a jamais été dit, nous ne le dirons à personne. Après écoute, nous indiquerons à la personne si elle est légitime pour déposer plainte, sans prendre parti.

À propos des violences conjugales, on parle beaucoup de libération de la parole, comment appréciez-vous la situation ?

Je ne pense pas qu’il y ait plus de violences conjugales, qu’il y ait plus de passages à l’acte ; simplement autrefois elles n’étaient pas dénoncées. Aujourd’hui, les femmes sont mieux informées et savent qu’elles peuvent déposer plainte. Les femmes savent que les violences conjugales ne sont pas une modalité ordinaire de la vie conjugale. C’est une anomalie qui est punie par la loi. Lors de nos permanences, on voit des révélations de violences répétées, commises pendant des années, qui ont été tues longtemps. La parole se libère car les médias  et les pouvoirs publics en parlent et parce qu’il y a désormais une information dans les lieux stratégiques comme les structures à vocation sociale et les Maisons France Services.

Comment s’organise l’action de France Victimes 37 en Indre-et-Loire ?

Notre équipe de juristes salariés reçoit gratuitement sur rendez-vous dans le cadre de permanences sur la métropole tourangelle, à Chinon, Loches, et depuis quelques semaines à Amboise. Les permanences sur la métropole se situent à notre siège social du Centre de vie au Sanitas, au tribunal judiciaire, au commissariat et dans les locaux du service de santé universitaire de l’université de Tours, à la maison des femmes de l’hôpital Bretonneau, à l’institut médico-légal de l’hôpital Trousseau et à la maison de la justice et du droit de Joué-lès-Tours.  À Loches et à Chinon nous recevons aux centres intercommunaux d’action sociale (CIAS). À Amboise à la Maison Départementale de la Solidarité. Nous serons également bientôt présents à l’hôpital Clocheville dans le cadre de l’unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED).

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