L’Opération de revitalisation de territoire (ORT) est un outil créé par la loi Élan (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) du 23 novembre 2018 pour permettre à des collectivités locales de porter et mettre en œuvre des projets urbains, économiques et sociaux luttant prioritairement contre la dévitalisation des centres-villes. Ce dispositif de « reconquête » participe de la mise en œuvre de l’Agenda rural qui me mobilise depuis le printemps dernier.
Concrètement, une ORT vise à soutenir la requalification d’ensemble d’un centre-ville en facilitant la rénovation du parc de logements, de locaux commerciaux et artisanaux, et plus globalement la revitalisation du tissu urbain. L’objectif est de créer un cadre de vie attractif propice au développement du territoire à long terme. Je me réjouis de la signature le 20 décembre dernier des ORT de Château-Renault, Chinon, Loches et Beaulieu-lès-Loches en présence de Jacqueline GOURAULT, Ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités, car ces communes vont bénéficier d’un soutien renforcé de l’État et nombreux acteurs publics dans le cadre d’une convention multi-acteurs.
L’ORT de Château-Renault
Contexte et enjeux
La Ville de Château-Renault se singularise par sa très faible superficie (3,5 km²), qui représente seulement 1% de la surface du territoire de la communauté de communes du Castelrenaudais. Ses 5 000 habitants en font la seconde commune d’Indre-et-Loire la plus densément peuplée et un pôle de centralité structurant pour le Castelrenaudais et plus largement le Nord-Est de notre département. Pôle de services, Château-Renault structure son bassin de vie en concentrant plus de 80% des commerces et 3 078 emplois. Les principaux équipements publics communaux et intercommunaux sont positionnés en centre-ville : collège, lycée, équipements sportifs, culturels, maison de santé, hôpital, centre aquatique… Néanmoins, la commune doit faire face aux difficultés souvent rencontrées par les villes moyennes avec une perte de population en centre-ville, un patrimoine bâti vieillissant avec un taux de vacance important, un parc social conséquent à réhabiliter, des espaces publics à requalifier et une dynamique commerciale à soutenir.
➡️ LOGEMENT. Alors que l’on observe une dynamique démographique du Castelrenaudais positive, avec un taux annuel de croissance de 0,6% depuis 2010, Château-Renault a connu une baisse de population entre 1975 et 2015 avant une stabilisation. La vacance des logements dans la ville atteint 12,6% en 2016 et représente 52% de la vacance intercommunale.
➡️ COMMERCE. La commune est caractérisée par une forte concentration de l’activité commerciale (58,5%) au sein de son cœur de ville, néanmoins elle souffre aussi d’un fort taux de vacance commerciale avec 43.2 % de vacance notamment sur une partie de la rue de la République et la rue Pierre Moreau, justifiée par des difficultés d’accessibilité et une évolution des modes de consommation.
➡️ MOBILITÉ. La voiture représente 80% des moyens de transports utilisés sur l’unité urbaine de Château-Renault pour les déplacement domicile-travail quand les deux-roues ne représentent que 3% et la marche à pied 9%. La faible superficie de la Ville, sa concentration en équipements, services et emplois semblent des atouts pour faire évoluer les usages.
5 axes d’actions identifiés
1️⃣ De la réhabilitation à la restructuration : vers une offre attractive de l’habitat en centre-ville.
2️⃣ Favoriser un développement économique et commercial équilibré.
3️⃣ Développer l’accessibilité, la mobilité et les connexions.
4️⃣ Mettre en valeur les formes urbaines, l’espace public et le patrimoine.
5️⃣ Fournir l’accès aux équipements et services publics.
La première phase de l’ORT mobilisera un budget de 3,8 millions d’€.
Les partenaires de la convention
Ville de Château- Renault, Communauté de communes du Castelrenaudais, Agence Nationale de l’Amélioration de l’Habitat (ANAH), Région Centre- Val-de-Loire, Conseil départemental, Banque des Territoires, Action Logement, Agence départementale d’aide aux collectivités (ADAC 37), Touraine Logement et Val Touraine Habitat.
Je me félicite aussi que la ministre ait choisi cette occasion pour échanger avec des maires de Touraine sur le dispositif « Petites villes de demain » : l’État reconnait enfin le rôle des petites villes et des bourgs-centres dans la structuration de l’espace rural.
Le rôle des petites villes et des bourgs-centres dans la structuration de l’espace rural
Extrait de notre rapport Ruralités : une ambition à partager remis au Gouvernement
« Les petites villes et bourgs-centres, par les fonctions de centralités qu’ils exercent, jouent un rôle essentiel dans la structuration de l’espace rural en offrant aux habitants de leur bassin de vie une diversité d’équipements et de services indispensables à la vie quotidienne. Mais beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui fragilisés, sous l’effet des phénomènes de périurbanisation ou de déprise économique et démographique. Il y a donc un enjeu national à conforter leurs fonctions de centralité, sans quoi c’est tout l’espace rural alentour qu’ils structurent qui risque d’en souffrir.
La mission en appelle donc, après le lancement du dispositif Action Cœur de Villes destiné aux villes moyennes, à la même ambition en faveur des petites villes exerçant des fonctions de centralité. Elle plaide pour un plan global, co-construit avec les collectivités régionales et départementales, d’appui aux projets de revitalisation engagés par de nombreuses collectivités qui couvre l’ensemble des dimensions : ingénierie, habitat, commerces, développement économique et touristique, valorisation du patrimoine…
Ce plan devrait s’inscrire dans les futurs CPER et dans la nouvelle génération des contrats de ruralité. L’expérience acquise par les premières communes engagées dans ce type de démarche, notamment celles inscrites dans l’expérimentation centres-bourgs lancée en 2014, démontre le caractère indispensable de doter ces collectivités de véritables moyens d’ingénierie dont elles ne peuvent disposer seules. Elle démontre également les difficultés de mise en œuvre opérationnelle, tant en raison du manque d’opérateurs susceptibles d’être mobilisés compte tenu du modèle économique de ces projets que de l’insuffisance de financements pour la reconfiguration des espaces publics, la réhabilitation de l’habitat ancien, la redynamisation du commerce et le maintien des services. Le plan, sur lequel le ministère de la Cohésion des territoires travaille actuellement, devra donc répondre à l’ensemble de ces problématiques. Il devrait, à ce titre, comporter des dispositifs afin de faciliter la maitrise foncière par les collectivités d’immeubles dégradés (les procédures actuelles s’avérant souvent trop lourdes) ainsi que des incitations fiscales renforcées pour les opérateurs qui y investissent.
La Mission en appelle également à l’engagement d’Action Logement, au même titre que pour le dispositif Action Cœur de Ville. L’investissement de cet organisme est indispensable mais aussi légitime puisque les salariés des territoires ruraux contribuent au même titre que les autres aux recettes d’Action Logement ; il serait donc incompréhensible que ce dernier refuse par principe d’y investir alors que des besoins et des projets existent. En résumé, la Mission recommande de lancer un plan en faveur de la revitalisation des petites villes et bourgs-centres d’ici la fin de l’année 2019. »
Depuis la fin septembre ce sont déjà 30 mesures de l’Agenda rural qui ont été votées par le Parlement ou dont la mise en œuvre a débuté.