Suite aux annonces du Comité interministériel du 26 mars 2018 sur la politique de prévention, et après une succession d’avis et de rapports convergents et inquiétants, j’ai déposé mercredi 28 mars une question écrite au Premier ministre sur l’avenir de la médecine scolaire.

La situation est particulièrement préoccupante.

L’École accueille 12,8 millions d’élèves et d’apprentis, qu’elle scolarise pour une durée moyenne de 18 ans. C’est par nature un lieu de vie propice à la prévention. C’est pour certains enfants la seule garantie d’accès à un suivi médical. La médecine scolaire permet le repérage et la prise en charge de troubles de toute nature pouvant affecter la santé des élèves. Celle-ci est un déterminant de la réussite scolaire, objectif qui nous mobilise.

Dans son avis Pour des élèves en meilleures santé du 14 mars dernier, le Conseil économique, social et environnemental mentionne une réduction de 11,8 % du nombre de médecins scolaires depuis 2011 et plus de 400 postes vacants. Dans son rapport du 24 octobre 2017, l’Académie de médecine estime que la diminution du nombre de médecins scolaires est dramatique, mettant en péril la prévention en santé scolaire. Un avis du Sénat du 24 novembre 2016 sur le projet de loi de Finances pour 2017 pointe quant à lui un effondrement des effectifs de l’ordre de 20 % depuis 2008 auquel s’ajoutent une pyramide des âges du corps des médecins de l’Éducation nationale extrêmement défavorable puisque l’âge moyen est de 54,8 ans et qu’une quarantaine de médecins ont plus de 65 ans et 240 ont entre 60 et 65 ans, ce qui laisse présager d’un nombre très important de départs à la retraite dans les années qui viennent. 

«  En quelques années, les alertes se sont multipliées, pointant la réduction continue des effectifs de la médecine scolaire, les visites médicales non assurées, les problèmes de santé mal ou trop tardivement diagnostiqués, les inégalités croissantes entre les territoires » souligne dans son avis le CESE.

Au moment où le Gouvernement de la République fait clairement le choix — et je m’en félicite — de faire de la prévention une priorité de la politique de Santé, l’avenir de la médecine scolaire doit être précisé.

 

«  Monsieur Daniel LABARONNE interroge Monsieur le Premier ministre sur les intentions du Gouvernement en matière de médecine scolaire. 

Le Gouvernement a présenté lundi 26 mars 2018 un plan pluriannuel ambitieux visant à opérer un saut qualitatif dans la politique de prévention. Premier axe de la Stratégie nationale de Santé portée par le Gouvernement pour les années 2018-2022, il doté de 400 millions d’euros. Les priorités de la politique de prévention annoncées illustrent la volonté du Gouvernement de transformer notre système de santé en tenant compte des besoins spécifiques des Français, dans toute leur diversité. Les 25 mesures-phares annoncées s’intéressent à des enjeux de santé publique de premières importances qui concernent l’ensemble des Français, du temps périnatal et de la petite enfance aux personnes âgées isolées ou précaires. Des annonces fortes sont faites comme : l’introduction d’un programme national de dépistage du cancer du col de l’utérus avec une prise en charge à 100 % du frottis pour les femmes qui ne l’auraient pas réalisé depuis 3 ans ; la mobiliser les industriels pour réduire l’exposition des consommateurs aux perturbateurs endocriniens ; ou bien encore le passage du forfait au remboursement classique  pour les traitements d’aide à l’arrêt du tabac.

Le Sondage Ifop-Bilendi « Les jeunes, l’information et la prévention du sida » publié à l’occasion du SIDACTION 2018 constate la dégradation inquiétante du niveau d’information sur le VIH chez les 14-25 ans :  20% des jeunes s’estiment mal informés en 2018, soit une augmentation de 9 points par rapport à 2009 ; 21% pensent que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive ; 19% estiment que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission de virus (soit +9 points par rapport à 2015). Ce même sondage mentionne que 67% des jeunes interrogés estiment que l’Education nationale n’en fait pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/sida.

Le rôle du médecin de l’Éducation nationale est de favoriser à l’École les actions de promotion de la santé. Formé au pilotage, à la programmation et à l’évaluation des projets de santé publique et communautaire, il contribue à la mise en place d’actions cohérentes et adaptées pour favoriser le développement de l’enfant, son bien-être et son estime de soi. Ces interventions sont orientées selon les besoins recensés sur le terrain, et varient en fonction de l’âge des enfants, de leur milieu socioculturel, de leurs conditions de vie et des ressources locales. Elles peuvent concerner des domaines divers : hygiène et rythmes de vie, gestion des conduites à risque, lutte contre les addictions, contre la violence, gestion du stress, et s’adressent aux élèves mais aussi aux parents, aux enseignants. Les infirmiers(ères) scolaires et les assistant(e)s de service social concourent également à la politique de santé du ministère chargé de l’Éducation nationale

Après la Cour des comptes, en 2011, le Haut Conseil de la santé publique, en 2013, le Sénat, en 2016, l’Académie de médecine a souligné dans son rapport du 24 octobre dernier la situation critique de la médecine scolaire et fait plusieurs propositions pour renforcer la place de l’École dans la politique de prévention.

Monsieur Daniel LABARONNE demande à Monsieur le Premier ministre de préciser les orientations du Gouvernement en matière de moyens, d’organisation et d’accompagnement (intervention en milieu scolaire de professionnels de santé : orthophonistes, psychoéducateurs…) de la médecine scolaire. »

 

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