Légiférer et contrôler l’action du Gouvernement à l’Assemblée nationale ; représenter les habitants et les acteurs du territoire dont je suis l’élu ; valoriser celui-ci en toutes occasions, c’est la façon dont j’envisage mon rôle de député.

Et si je peux par ma présence ou une prise de parole favoriser la promotion et le développement d’une action culturelle ou économique — a fortiori d’une action culturelle et économique — qui contribue au dynamisme du Grand Est Touraine, j’assume de me faire VRP.
Ma présence au Clos Lucé le dimanche 8 octobre pour l’inauguration de l’exposition Art Japonais et Léonard de Vinci 2017 n’avait toutefois pas cette seule finalité. Les coopérations culturelles internationales sont indispensables, n’en déplaise au Président des Etats-Unis et au Premier ministre israélien qui viennent d’annoncer leur retrait de l’Unesco.
Les échanges culturels sont indispensables à la compréhension de l’« autre », à la compréhension de celui qui est « différent », à la compréhension de celui que l’on appelait dans les temps anciens le « barbare ». Tout être qui se prend pour le centre du monde est d’abord le sujet d’une erreur. C’est la leçon des Lettres Persanes de MONTESQUIEU. Penser par l’autre permet d’accueillir la différence au lieu d’en faire une anomalie. On peut-être Persan comme on peut être Français ou Japonais. Rejetant l’ethnocentrisme, les échanges culturels sont indispensables aux développements des coopérations entre les nations sans lesquelles la culture peut devenir l’instrument du nationalisme. Et le nationalisme c’est la guerre comme le soulignait au terme de sa vie politique François MITTERRAND.
Ce constat a conduit à la création de l’Unesco, dont l’Acte constitutif de 1946 précise que l’incompréhension mutuelle des peuples a toujours été, au cours de l’histoire, à l’origine de la suspicion et de la méfiance entre nations, par où leurs désaccords ont trop souvent dégénéré en guerre. Soixante-dix ans après, les collectivités françaises et japonaises réunies à Tours les 5 et 6 octobre 2016 dans le cadre des cinquièmes Rencontres franco-japonaises de la coopération décentralisée, concluent leurs travaux par une déclaration commune. Par cette déclaration, les collectivités parties prenantes de ces rencontres, soulignent que « la culture et les patrimoines sont un moyen universel d’échanges et de dialogue entre les peuples, pour tous, par tous et partout », mais également que ce sont des vecteurs et des facteurs de développement économique et touristique pour nos territoires urbains et ruraux. Aussi entendent-elles : coopérer ensemble ; communiquer sur l’attractivité de leurs territoires ; valoriser les identités remarquables, les produits phares de leurs régions, notamment gastronomiques ; et valoriser les métiers d’art, dans un esprit de coopération bilatérale, de partage et de bienveillance.

Avec François SAINT-BRIS, Président du Clos Lucé et une artiste japonais
L’attachement au patrimoine rapproche la France et le Japon. Nos deux pays sont parmi les premiers à avoir pris conscience de son importance. La France met en place les premiers crédits dédiés à la préservation de son patrimoine bâti en 1819, crée sa Commission des monuments historiques en 1837 et publie sa première liste en 1840. Elle légifère pour la première fois en 1887. Le Japon procède à un premier état des lieux, national, des temples et des sanctuaires en 1871, et vote dès 1897 sa Loi pour la protection des Temples et des sanctuaires. Au lendemain du second conflit mondial, le Japon est précurseur pour la protection du patrimoine culturel immatériel. Il est — avec sa loi du 1er mai 1950 relative à la protection des biens culturels — le premier pays au monde à introduire dans sa législation le concept de « bien culturel immatériel ». Pour notre part, ce n’est que le 5 juillet 2006 — avec la ratification de la Convention de l’Unesco pour la Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003 — que ce concept trouvera une traduction juridique. Le Repas gastronomique des Français doit beaucoup au Japon, comme le Compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier inscrits en 2010 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Nous fêterons d’ici deux ans, au Clos Lucé et en Val-de-Loire, le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci. Qui mieux que Léonard incarne la Renaissance ? Le XVIe siècle, le siècle de Léonard, et aussi celui de la rencontre entre le Japon et l’Occident. Il est celui de l’arrivée du pain et du vin au Japon. L’année de 2019 pourrait être l’occasion de renfoncer nos liens, de stimuler les coopérations entre les acteurs privés — Français et Japonais — investis dans la préservation et la valorisation du patrimoine, qu’il s’agisse de gestionnaires de sites patrimoniaux comme ceux du Clos Lucé et du Château de Chenonceau, ou de producteurs participant par leur activité économique à la transmission de patrimoines remarquables, c’est le cas des vignerons qui font les vins du Val de Loire et des producteurs de sakés traditionnels.
Les sixièmes Rencontres de la coopération décentralisée franco-japonaises seront organisées en 2018 à Kumamoto. Cités Unies France et CLAIR Paris(pourraient faire œuvre utile en organisant à cette occasion un temps d’échange sur le développement des coopérations entre les acteurs privés, français et japonais du patrimoine.

Reproduction des oeuvres exposées sur les contre-étiquettes d’une cuvée de Xavier Frissant (AOC Touraine-Amboise).
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