Le dernier dimanche d’avril est chaque année dédié à la célébration de la mémoire des victimes de la déportation dans les camps de concentration et d’extermination nazis lors la Seconde Guerre mondiale. Cette date a été retenue en raison de sa proximité avec la date anniversaire de la libération de la plupart des camps, et parce qu’elle ne se confondait avec aucune autre célébration nationale ou religieuse existante. J’étais présent ce matin à la cérémonie organisée à Amboise.

Honorer la mémoire de tous les déportés sans distinction et rendre hommage à leur sacrifice.

Cette journée a pour vocation de rappeler à tous ce drame historique majeur, les leçons qui s’en dégagent, pour que de tels faits ne se reproduisent plus.

La déportation est anciennement en droit synonyme de relégation. C’est la déportation à Babylone des Juif de Jérusalem et du royaume de Judée 586 ans avant notre ère, c’est la déportation des Acadiens d’origine française par les britanniques en 1875, ou bien encore la déportation des Indiens Creeks aux Etats-Unis en 1830.

La déportation dont nous évoquons le souvenir ce dernier dimanche d’avril 2018, n’est pas une régulation. Elle relève de la volonté d’anéantir les oppositions politiques et de faire table rase des certaines différences, culturelles, sexuelles ou religieuses, réelles ou fantasmées. On estime que près de 162 000 personnes ont été arrêtées et déportées de France vers les camps de concentration, au motif de répression ou de persécution : résistants, terroristes, opposants politiques, communistes, gaullistes, Francs-maçons, otages, tsiganes, homosexuels, Témoins de Jéhovah et juifs (Sources CNDP).

La Déportation organisée par le régime nazi — et avec elle la Shoha — sont des singularités dans l’Histoire. Les victimes n’en sont pas moins réelles et proches de nous par leurs familles où par leur lieu de naissance qui nous est familier. Au plus près de nous, sur ce qui est aujourd’hui la 2e circonscription d’Indre-et-Loire, ce sont des natifs d’Amboise, d’Athée-sur-Cher, d’Azay-sur-Cher, de Bléré, de Céré-la-Ronde, de Chargé, de Château-Renault, de Chisseaux, de Francueil, de Les Hermites, de La Croix-en-Touraine, de La Ferrière, de Luzillé, de Monnaie, de Montlouis-sur-Loire, de Noizay, de Pocé-sur-Cisse, de Reugny, de Rochecorbon, de Saint-Martin-Le-Beau, de Saint-Ouen-Les-Vignes et de Vouvray. Ils sont décédés en Allemagne, en Autriche et en Pologne dans des lieux tout aussi réels : à Oranienbourg-Sachsenhausen, Buchenwald, Auschwitz, Dora, Vaihingen, Ravensbruck, Weimar, Hamburg-Neuengamme, Cham, Linz, Mauthausen, Ellrich, Flössenburg, Cologne, Hartheim … ou quelque part entre la France et là bas.

En cette journée du souvenir, j’ai une pensée pour Simone VEIL disparue depuis le 30 juin 2017 à l’âge de 89 ans.

Née le 13 juillet 1927 à Nice dans une famille juive non pratiquante, Simone VEIL est arrêtée avec sa famille par la Gestapo en 1944. Elle est alors transférée dans différents camps dont Auschwitz et Bergen-Belsen. Elle et ses deux sœurs sont les seules survivantes de leur famille. Son parcours politique est connu : plusieurs fois ministres, première présidente du Parlement européen élu directement par les peuples européens de 1979 à 1982.

Dire que l’Europe c’est la paix c’est d’abord se souvenir.

Conserver le souvenir de ceux qui sont morts pour la France ; entretenir les monuments élevés à leur mémoire ; transmettre le flambeau du souvenir aux jeunes générations par des actions comme le Concours national de la Résistance et de la Déportation, est pas seulement un devoir ; c’est aussi une nécessité. Car comme disait la philosophe Hannah ARENDT — qui couvrit en 1961 à Jérusalem le procès d’Eichmann : « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal.»

La pensée se nourrit du souvenir, nous devons l’entretenir.

Partager :