Le taux de chômage des jeunes est d’environ 22% en France pour les 15-24 ans. C’est en partant de cette réalité que le Gouvernement a présenté vendredi 9 février ses propositions pour une réforme en profondeur de l’apprentissage. Ce chantier social, qui précède ceux de la formation professionnelle et de l’assurance chômage, doit permettre d’offrir une perspective et un avenir aux 1,3 million de jeunes aujourd’hui sans emploi ni formation.

L’apprentissage offre des résultats positifs : 7 apprentis sur 10 trouvent un emploi 7 mois après leur formation, 50% restent dans l’entreprise qui les a formés et 30 à 40% créent leur propre société. Malgré ces chiffres, seuls 7 % des jeunes sont en apprentissage.

Les raisons d’une désaffection

 

  • L’accès à l’information sur les débouchés de l’apprentissage est inégal ; difficile de faire un choix éclairé dans ces conditions.
  • Les centres de formation des apprentis (CFA) ne peuvent pas librement se développer pour répondre aux besoins en compétences des entreprises. Il faut ainsi plusieurs années avant qu’un diplôme ne soit adapté à la réalité du marché de l’emploi.
  • La durée des contrats d’apprentissage est rigide et la complexité du système peut être décourageante.
  • Les jeunes sont peu nombreux à oser passer d’une filière générale à l’apprentissage et vice versa car très peu de passerelles existent.
  • La mobilité est limitée : chaque année, seuls 6 800 apprentis partent en Europe dans le cadre d’une mobilité Erasmus.

 

Dix mesures fortes pour rendre l’apprentissage attractif et en faciliter l’accès

 

1. Les jeunes qui souhaitent s’orienter vers l’apprentissage, mais ne disposent pas des connaissances et des compétences requises, auront accès à des « prépa-apprentissage », qui leur permettront d’acquérir les pré-requis nécessaires en matière de savoir de base et de savoir-être. Ces « prépa-apprentissage » seront mises en place en priorité dans les CFA et financées par le Plan d’investissement compétences 2018-2022 présenté le 25 septembre 2017. Ce plan prévoit de consacrer 15 milliards d’€ à la formation professionnelle pour former un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un million de jeunes décrocheurs.

2. Les régions organiseront, en lien avec les départements pour les collèges, des journées annuelles d’information sur les métiers et les filières professionnelles en classe de quatrième, troisième, seconde et première.

3. Tous les jeunes et leurs familles bénéficieront d’une information transparente sur la qualité des formations en apprentissage qu’ils peuvent choisir. Les taux d’insertion dans l’emploi, de succès au diplôme, de poursuite d’études de chaque CFA et de chaque lycée professionnel seront progressivement rendus publics. Les informations sur les salaires des emplois visés par la formation seront également disponibles. Les Régions auront la responsabilité de l’orientation professionnelle : elles organiseront l’information des jeunes et des familles sur les métiers et les filières, l’affectation restant du domaine de l’État.

4. Tous les jeunes d’au moins 18 ans en apprentissage percevront une aide de 500 € pour passer leur permis de conduire. En lien avec les Régions, des partenariats seront recherchés avec les auto-écoles pour proposer des forfaits à prix réduits.

5. Tous les jeunes de 16 à 20 ans en apprentissage verront leur rémunération augmenter de 30 € nets par mois. Un jeune de 18 ans préparant un bac professionnel en apprentissage gagnera 715 €, au lieu de 685 € aujourd’hui.

6. L’apprentissage sera ouvert aux jeunes jusqu’à 30 ans, au lieu de 26 ans aujourd’hui. Cette mesure permettra à davantage de jeunes actifs de bénéficier de la formation en apprentissage pour obtenir un emploi ou créer une entreprise. Les jeunes de plus de 26 ans seront payés au minimum au niveau du SMIC, comme pour le contrat de professionnalisation.

7. Les apprentis dont le contrat de travail est interrompu en cours d’année ne perdront plus leur année. Ils pourront prolonger pendant 6 mois leur formation au sein du CFA (sauf en cas d’exclusion de celui-ci), qui recevra un financement dédié à cet effet.

8. Tout contrat en alternance sera financé, quel que soit le secteur et quelque soit la taille de l’entreprise. Le système de financement de l’apprentissage sera entièrement revu, selon un principe simple, transparent et sécurisant : un jeune + une entreprise = un contrat = un financement. Tous les contrats seront financés, dans tous les secteurs, quelle que soit la taille de l’entreprise. La recherche d’une entreprise par un jeune ne se heurtera donc plus au problème du financement du contrat.

9. Les campus des métiers seront favorisés et développés. Les Régions, l’État et les branches professionnelles favoriseront le développement et l’émergence de nouveaux campus des métiers afin de proposer des parcours diversifiés aux jeunes, notamment par le jeu des passerelles et allers-retours entre les CFA et les lycées professionnels. Des unités de formation par apprentissage seront créées dans tous les lycées professionnels.

10. 15 000 jeunes en apprentissage pourront chaque année bénéficier du programme Erasmus pour effectuer plusieurs mois de formation dans un autre pays d’Europe.

 

Je serai attentif aux retours des acteurs du terrain lorsque nous aurons à en débattre à l’Assemblée nationale.

Consulter la synthèse de la concertation nationale sur l’apprentissage

Découvrir le Campus des métiers d’Indre-et-Loire

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