100 propositions très concrètes en faveur des territoires ruraux ont été mises en œuvre depuis la publication du rapport dont j’étais responsable : « Ruralités : une ambition à partager. 200 propositions pour un agenda rural ». Je vous présente un panorama complet de cet agenda rural un an après son adoption. Le Premier ministre s’était engagé à tenir 2 comités interministériels des ruralités par an, pour suivre la mise en œuvre de l’Agenda rural. Un premier comité s’est tenu le 19 février 2020 dans les Vosges. Le deuxième a eu lieu samedi. C’est un motif de satisfaction car la politique en faveur des territoires ruraux doit s’inscrire dans la durée, pour être efficace. Je me réjouis d’ailleurs que les mesures que nous avons proposées ne soient pas figées dans le temps. Elles vivent, s’adaptent au rythme des nouvelles priorités qui s’imposent dans le contexte de crise que nous vivons. Cette démarche souple et adaptative permet de co-construire des solutions « sur-mesure » pour faire de nos territoires ruraux des territoires d’avenir.

L’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi de finances 2021 et un plan de relance de 100 milliards d’euros. Comment les territoires ruraux en bénéficieront-ils ?

DL : 5 milliards d’€ du plan de relance bénéficieront directement et spécifiquement aux territoires ruraux. Cela inclut un volet agricole à hauteur d’1,1 milliard d’€, dont des aides pour l’approvisionnement en circuit court des cantines communales et le développement des projets alimentaires territoriaux (PAT). Cela recouvre également le nouveau programme « Petites Villes de Demain », la suite du programme « Action Cœur de Ville », les investissements en faveur des petites lignes ferroviaires…

Au-delà de ces crédits dédiés à la ruralité, de nombreux crédits du plan de relance bénéficieront également aux zones rurales. Par exemple, une enveloppe de 400 millions d’€ est attribuée aux Territoires d’Industrie. Labellisé Territoire d’industrie, le Grand Est Touraine — c’est à dire la quasi totalité de la circonscription — va en bénéficier. Les aides directes aux entreprises pour la relocalisation et l’innovation, la baisse des impôts de production, sont aussi destinées aux entreprises des zones rurales.

Comment s’assurer que les crédits du plan de relance bénéficieront bien aux petites communes ?

DL : Une circulaire a été envoyée aux préfets pour rappeler les mesures de l’Agenda rural et leur demander de mettre en place une feuille de route départementale. Conformément aux propositions de l’Agenda rural, un référent ruralité a également été nommé dans chaque ministère, pour mieux prendre en compte la ruralité dans chaque politique publique. Enfin, des outils de visualisation cartographiques en libre accès sont désormais consultables sur les zones de couverture 4G, les soutiens financier des l’État…

Où en sont les propositions du rapport retenue par le gouvernement ?

DL : Le Premier ministre Edouard Philippe avait retenu 181 mesures des 200 propositions de notre rapport. Une centaine d’entre elles sont en cours de déploiement. Plusieurs mesures phare de l’Agenda rural se déploient actuellement comme « Petites Villes de Demain » (voir ci-dessous). 3,3 milliards d’€ sont mobilisé pour atteindre les objectifs du plan France Très Haut Débit et le New Deal Mobile pour la disparition des zones blanches en téléphonie. La deuxième vague de labellisation de Maisons France Services a été annoncée, avec 323 nouveaux sites pour rapprocher les services publics de nos concitoyens. Des conseillers numériques seront présents pour aider les Français dans leurs démarches en ligne (voir ci-dessous). S’agissant de la santé, 1.400 contrats d’assistants médicaux ont été créés pour décharger les médecins de campagne des tâches administratives. La télémédecine est remboursée à 100% depuis le premier confinement. Enfin, le plan de relance met l’accent sur la jeunesse. Les jeunes ruraux sont concernés avec par exemple les « Cordées de la réussite » qui favorisent l’accès aux filières d’étude supérieure. Ce dispositif va doubler d’ici 2022.

Que représente l’« acte II » de l’Agenda rural, lancé par ce 2e comité interministériel aux Ruralités ?

DL : J’aimerais insister sur une proposition socle de notre rapport qui se concrétise aujourd’hui : la redéfinition d’une géographie prioritaire de la ruralité. L’Insee fait évoluer sa définition pour tenir compte de la densité de population et non simplement de l’absence de grandes villes, ce qui était une définition « en creux ». Cette redéfinition doit permettre de concentrer les moyens de l’action publique vers les territoires ayant le plus besoin de la solidarité nationale. Elle va faire évoluer des dispositifs « zonés » souvent trop larges. En attendant, le PLF2021 prolonge d’un an la délimitation des zones de revitalisation rurale (ZRR).

Il reste un chantier encore peu avancé, celui de la prise en compte des « aménités rurales », c’est-à-dire des bénéfices qu’apportent nos campagnes à leurs habitants et au pays : la biodiversité, les paysages, l’agriculture, le tourisme de nature… Un rapport a été commandé en mars 2020 qui doit permettre de réfléchir à une meilleure valorisation de ces richesses qu’apportent les territoires ruraux.

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