J’étais présent ce mardi 8 mai à Pocé-sur-Cisse et à La Ville-aux-Dames pour commémorer le 73e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. La capitulation de l’armée du Reich mit fin à un conflit qui fit plus de 36 millions de morts sur le continent européen.

Après un premier conflit mondial marqué par l’industrialisation et la production de masse des armements, par la découverte de la mort de masse — dont nos monuments aux morts et les cimetières militaires du nord de la France portent le témoignage, le second conflit mondial est à jamais marqué en Europe par l’industrialisation de l’entreprise génocidaire et de déportation mise en place du régime Nazi. Le « crime contre l’humanité » est leur seul « héritage » et les révisionnistes de tous polis n’y pourront rien changer.

Le conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité.

Si les pertes humaines de la Première Guerre mondiale s’élèvent à environ 18,6 millions de morts (dont 8,9 millions pour les civils), les estimations relatives à la Seconde Guerre mondiale varient de 50 millions de morts, pour le chiffre minimal, à 85 millions, pour le chiffre maximal. Ces chiffres ne prennent pas en considération les morts de carences, de privations, les morts de suites de blessures ou de maladies consécutives au conflit. Ces chiffres en font le conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité.

La Seconde guerre mondiale fit d’avantage de victimes chez les populations civiles que chez les militaires : 40 à 52 millions de morts auxquels il convient d’associer les 5 millions de prisonniers de guerre morts en captivité. Au lendemain de la capitulation du régime nazi, la France compta ses morts : 217 600 militaires de la métropole et des colonies, et 300 000 civils. Aux victimes décédées, il convient d’associer les victimes rescapées des camps de concentration et d’extermination. Simone VEIL qui rentrera dans quelques semaines au Panthéon était l’une d’elles. Nous leur avons rendu hommage le 29 avril dernier.

J’ai invité les participants des deux cérémonies à avoir une pensée pour des victimes dont on ne parle jamais ou si peu. Ils n’étaient pas militaires. Ils n’étaient pas déportés politiques, résistants, otages, juifs, tziganes, francs-maçons ou homosexuels. Ils ne furent pas victimes de la barbarie nazie mais d’un laissé faire du régime de Vichy… parce qu’ils étaient… fous.

« L’hécatombe des fous » désigne depuis une dizaine d’années 45 000 françaises et français, fragilisés ou handicapés au niveau mental, négligés jusqu’à ce qu’ils meurent de dénutrition dans les établissements spécialisés qui les accueillaient. Ayons aussi une pensée pour eux.

Le temps s’écoule. Les survivants et les témoins disparaissent peu à peu. Le dernier poilu de la Première guerre mondiale est décédé il y a 10 ans (Lazare PONTICELLI 1897-2008). Un jour viendra où disparaîtra le dernier vétéran français de la Seconde Guerre mondiale, le dernier déporté.

Les bénévoles des associations entretenant la mémoire vieillissent aussi.

Conserver le souvenir de celles et ceux qui sont morts pour la France, des victimes civiles ; entretenir les monuments élevés à leur mémoire ; transmettre le flambeau du souvenir aux jeunes générations par des actions comme le Concours national de la Résistance et de la Déportation, est pas seulement un devoir ; c’est aussi une nécessité. Car comme disait la philosophe Hannah ARENDT qui couvrit en 1961 à Jérusalem le procès Eichmann :« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal.»

La pensée se nourrit du souvenir.

Je suis disponible pour aider à l’entretenir.

Je le suis tout autant pour défendre l’idée européenne car l’Europe c’est la paix.

En savoir plus :

L’hécatombe des fous : La famine dans les hôpitaux psychiatriques français sous l’Occupation, par Anne LHUISSIER

Les « aliénés » morts de faim dans les hôpitaux psychiatriques français sous l’Occupation, par Isabelle Von BUELTZINGSLOEWEN

Mission sur le drame que les personnes handicapées mentales ou malades psychiques ont connu dans les hôpitaux psychiatriques et les hospices français entre 1941 et 1945 – Rapport de l’historien Jean-Pierre AZÉMA

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