Malgré l’avancée notable que représente la suppression du livret de circulation pour la population du voyage, il n’en demeure pas moins que des éléments demeurent stigmatisants pour cette population. Le projet de schéma départemental d’accueil des gens du voyage pour la période 2017-2022 fait l’objet d’une concertation et devrait être arrêté, dans les prochaines semaines. Il serait opportun qu’à l’aulne de ce nouveau schéma, l’ensemble des acteurs ayant participé à son élaboration, poursuivent leur réflexion commune pour se mettre d’accord sur la place des aires d’accueil de gens du voyage sur notre territoire et sur leur sens.

Si la loi du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage modifiée par la loi du 27 janvier 2017 fixe un cap et des prescriptions, elle n’épuise pas le sujet. Il nous faut nous réfléchir à la singularité de ces « micro-espaces » du domaine public, souvent hors sol, qui pourraient être pris en compte au titre de politique de la ville ou de politiques territoriales bénéficiant aux zones rurales les plus défavorisées, pour qu’ils deviennent des territoires prioritaires d’intervention pour l’accompagnement social et l’insertion dans la « cité » de leurs résidents.

Convenons que la création de nouvelles aires d’accueil n’est pas une chose aisée, mais convenons aussi que leur éloignement des services publics, et notamment des écoles, n’est pas pour faciliter l’intégration de ceux qui y résident.

Dans une société de communication et de savoir, la scolarisation est plus que jamais un enjeu majeur, or force est de constater que le service public de l’Education nationale profite somme toute très peu aux enfants des gens du voyage diminuant fortement les possibilités de réalisation et d’épanouissement de ces enfants. La scolarisation des enfants habitant les îles de la mer d’Iroise a trouvé sa solution, peut-être peut-elle nous inspirer. Dans un même ordre de considération, ne devons nous pas réfléchir à des modalités d’accueil complémentaires aux aires, pour celles et ceux qui aspirent à une forme de sédentarisation ? Montlouis-sur-Loire comme d’autres villes en France, proposent aujourd’hui un habitat adapté, ne faut-il pas suivre leur exemple ?

Comme député appelé à légiférer, je suis disponible pour réfléchir, avec ceux qui le souhaitent, à l’accès des gens du voyage au droit, et notamment au droit de vote, qu’il s’agisse de faciliter les inscriptions sur les listes électorales et d’envisager des possibilités de vote pour les non sédentaires. Et parce que les droits s’accompagnent de devoirs à respecter, je suis tout autant disponible pour donner des moyens d’action plus rapides – et conséquents – aux pouvoirs publics appelé à faire respecter l’ordre républicain ou à sanctionner ceux qui ne respectent pas l’espace public, la propriété et plus globalement les règles de l’Etat et la Loi. Gens du voyage, ou pas.

Le vivre ensemble passe par une acceptation de l’autre et de son mode de vie. Il passe aussi par le respect d’un cadre accepté de tous. C’est en marchant sur ces « deux jambes », que nous réaliserons l’idéal républicain de liberté, de fraternité et bien sûr d’égalité.

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